La fontaine de mate l'oliu

Détails

Publié le: 24/10/2009

Auteur: Marie-Françoise Caillens

C'est le plus loin possible du village, en plein coeur de la forêt de Bald'herbe et à l'emplacement d'une petite source que se trouve la fontaine de Mate l'Oliu. Comme son nom l'indique, l'eau y coule si fraîche que même un olivier n'y survit pas. C'est un lieu solennel qui raconte une triste histoire :

La Fontaine d'Edmond

Celle du petit Edmond Chauvet, fils d'une famille de notables carmagnols, qui mourut à 12 ans. Sa mère éplorée fit ériger cette petite fontaine dans un endroit reculé de la forêt. Elle y fait graver sa peine sous forme d'un émouvant acrostiche. En voici le texte :

Fontaine d'Edmond Dédiée à ce fils chéri par sa mère Emilie. Le 10 février 1834 Né le 12 mai 1822

En paix sous ces rameaux, coulez douce naïade
De vos jaillissements remplissez le vallon
Murmurez tendrement d'un fils chéri le nom
Ou parmi le doux bruit d'une fraîche cascade
Nommez nous cet enfant jusque sous le gazon
Dites au monde entier "je coule pour Edmond"

Le poème n'eut pas l'heur de plaire à l'un des membres de la famille ( peut-être le beau-père d'Emilie). Toujours est-il que les lettres d'Edmond furent martelées au burin et rendues illisibles. Le petit Edmond a comme disparu pour une seconde fois.

Aujourd'hui, l'endroit de la source est ouvertement livré aux regards car une piste DFCI passe juste devant. Mais, toi qui sais maintenant l'histoire d'Edmond Chauvet, si tu viens en ces lieux, tu sauras que "la haine a brisé le marbre mais n'a rien fait de plus qu'effacer l'image du sentiment".

Grâce à Thierry Daudigny et à ses compétences en retouche d'image, les inscriptions de la fontaine de "Mate l'oliu" apparaissent, sur la photo ci-dessus, très proche de leur état d'origine, lorsque madame Emilie Chauvet l'a faite ériger. Depuis l'année dernière, nos connaissances sur la famille d'Edmond ont avancé quelque peu. Sa maman Emilie n'était pas originaire de Caramany. Née le 15 octobre 1795 à Perpignan, elle était la fille de monsieur Jean Carrière, juge au tribunal civil de Céret et de Catherine de Vilar. Elle était donc issue d'une famille de notables qui a fait alliance avec la famille Chauvet.

Décédée le 17 juin 1843, elle a été inhumée dans notre cimetière,  et ce qui est assez surprenant  auprès de sa mère, elle-même décédée à Caramany en 1836. Il est donc possible que Madame de Vilar soit venue terminer ses jours chez sa fille et qu'elles aient souhaité se faire inhumer ensemble. D'autres hypothèses peuvent aussi être imaginées, car il serait étonnant que les familles Carrière ou de Vilar ne possèdent pas de caveau dans le département.
Sur leur tombe, et c'est une chance pour nous, elles ont fait élever un petit monument en forme d'obélisque tronquée qui nous donne ses précieuses informations. Il a été plusieurs fois déplacé dans le cimetière; vous pouvez le découvrir à gauche de l'ancienne porte d'entrée, aujourd'hui porte de communication entre les deux niveaux. Bizarrement, aucun nom de la famille Chauvet, en particulier le mari d'Emilie, n'est mentionné sur ce monument.
Le Pari du lac va donc poursuivre ses recherches.

Photos:

• Thierry Daudigny ( Détail avec retouche du texte)
• Philippe Garcelon (La fontaine)
  

• Précédent : Poème à mon village - Caramany