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Caramany dans la presse régionale et nationale - 1
- Détails
- Publié le: 23/05/2022
- Auteur: Bernard Caillens
Durant un siècle environ, la presse, a été le seul média dont disposait quelques uns de nos ancêtres. Car, à Caramany autour de l'an 1900, peu nombreux devaient être ceux qui avaient les moyens financiers de s'abonner à un journal.
Et pourtant, contrairement à ce que l'on pourrait penser, des informations concernant notre village ont été publiées non seulement dans la presse locale, mais ont été aussi reprises dans les journaux d'autres régions.
Le site retronews.fr de la Bibliothèque nationale de France a archivé tous ces journaux . Je vous propose de découvrir ceux qui ont cité Caramany par une série de petits textes réunis sous le titre : « Caramany dans la presse régionale et nationale ».
Comme bien souvent, ce sont les informations dramatiques qui sont rapportées. En voici deux exemples.
Dépouillé par des « malfaiteurs »
Les lecteurs de la Gironde ont trouvé dans leur édition du 26 novembre 1886 l'article suivant :
« Perpignan 22 novembre
Une tentative d'assassinat a été commise sur le sieur Armengo de Caramany, sur le chemin vicinal allant de cette dernière localité à Latour de France. Les malfaiteurs ont dépouillé leur victime de sa montre et d'une somme de 50 francs environ. »
On peut se demander quel est l'intérêt pour un Bordelais de découvrir cette information. Mais pour un habitant du Fenouillèdes, elle n'est pas anodine. En cette fin du 19e siècle, il semblerait qu'il existe encore des bandits de grand chemin et que même nos petite routes de campagne ne sont pas sûres. L'entrefilet est précis sur le butin et sur le fait qu'il y avait plusieurs malfaiteurs plutôt violents, puisque le terme d’assassinat est employé. Mais les questions restent nombreuses : Le sieur Armengo a t-il été victime d'un traquenard ou a t-il juste fait une mauvaise rencontre ? Et où ? La réponse entre Caramany et Latour n'est guère précise.
Enfin, qui est le sieur Armengo ? Cette graphie est certainement le résultat d'une mauvaise copie car, dans les villages du Fenouillèdes on trouve uniquement des Armengaud ou des Armingaud .
A Caramany, ce patronyme n'est pas très répandu contrairement à Lesquerde. Et en 1886, ce sont justement deux frères natifs de Lesquerde qui le portent : Eugène et Jules Armingaud.
Eugène s'est marié en 1874 avec Marie Scolastique Vaysse, c'est donc le gendre du maire, François Vaysse, par ailleurs menuisier, alors que Jules a épousé en 1877 Marie Marguerite Foussat, fille de Joseph Foussat, le cordonnier. Jules était déjà menuisier au moment de son mariage alors qu'Eugène était qualifié d'agriculteur dans son acte de mariage, puis de boucher en 1877 au mariage de son frère et enfin de receveur buraliste dans un rapport du Conseil général de 1902. Il avait donc toutes les raisons de se rendre régulièrement au chef-lieu de canton, qui plus est en transportant les taxes encaissées localement, ce qui pouvait en faire une cible pour des individus bien renseignés et mal intentionnés. En l'absence d'autres éléments plus probants, cela reste quand même au stade de l'hypothèse.
Accident du travail mortel
Nous changeons de région et c'est dans Le Petit Marseillais , quelques années plus tard, le 26 octobre 1904 que Caramany se retrouve dans la rubrique des faits divers. L'article est intitulé Tué par son cheval .
« Perpignan 25 octobre. A Caramany, près de Perpignan, le nommé Raymond Foussat âgé de trente ans, cultivateur, tenait son cheval par la longe, quand l'animal effrayé partit à fond de train. Foussat fut traîné sur un parcours de cinq cents mètres et reçut un coup de pied dans la tête et eût plusieurs côtes brisées qui déterminèrent la mort. Il laisse une veuve et un enfant en bas-âge. »
Les expressions employées et la froideur du récit dénotent un article rédigé très vite à partir des informations données par le correspondant perpignanais du journal. Toutefois des éléments précis permettent de retrouver la famille Foussat.
Raymond que l'on appelait plutôt Joseph Raymond, est né le 25 juillet 1875 à Caramany, de Pierre Foussat, cafetier et de Marie Émilie Auriol. Il avait épousé, le 5 février 1902, Rose Joulia, la fille de Joseph Joulia, cafetier lui-aussi et de Marie Dabat. En ce qui le concerne, l'acte de mariage mentionne la profession de cafetier et non de cultivateur ; on peut donc penser qu'il avait prévu de prendre la suite de ses parents. La profession de Rose est également mentionnée, ce qui est extrêmement rare en milieu rural, où les femmes sont considérées sans profession alors qu'elles gèrent entièrement le foyer, s'occupent des enfants, souvent des animaux domestiques, (poules, lapins, cochon pour ceux qui en ont les moyens) et en plus assistent le chef de famille pour certains travaux agricoles. Parfois l'absence de profession est compensée par le terme de cultivatrice ou de ménagère. Ce n'était pas le cas de Rose qui était télégraphiste. Un métier sûrement pas à temps plein, mais qui nécessitait une formation et des compétences aussi bien techniques qu'intellectuelles. D'ailleurs, à côté des signatures masculines, marié, pères des mariés et témoins figure la signature de Rosine Joulia, un diminutif qu'elle devait préférer à Rose.
L'installation d'une ligne télégraphique avait été demandée par le Conseil municipal le 29 mai 1887* Elle ne sera accordée que quelques années plus tard par Monsieur Jules Roche, ministre du commerce et de l'industrie. Sa décision a été publiée au Journal Officiel de janvier 1892, dont le contenu est repris par une dizaine de journaux parmi lesquels la Gironde . C'est l'instituteur, M. Canredon qui assure au tout début le fonctionnement du télégraphe. Peut-être a t-il envisagé assez vite sa succession, (à son métier d'instituteur public il ajoutait la fonction de secrétaire de mairie), et formé Rose Joulia ?
Au foyer de Joseph Raymond et de Rose est née Agnès, leur premier enfant, le 21 janvier 1903. Ils n'en auront pas un deuxième ; le destin et un cheval effrayé en ont décidé autrement.
Le registre d'état-civil indique que Joseph Raymond Foussat est décédé le 24 octobre 1904 à 5 heures du soir, mais ne précise pas les causes. A 25 ans, Rose se retrouve donc seule pour élever sa fille d'à peine 22 mois.
Note :
* voir Les années en 7 de 1807 à 1887, rubrique Histoire
Sources écrites:
- registres d'état-civil, mairie de Caramany
- registres de délibérations 1887 – archives municipales
Sources numériques:
- site www.retronews.fr Le site de presse de la Bibliothèque nationale de France
- site Gallica – Conseil général des Pyrénées orientales – anné
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