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Le barrage de Caramany

Barrage de Caramany. Vue générale

" FLASH INFO AGLY 2016"

Consultez le niveau d'eau et le débit du barrage de Caramany en temps réel ainsi que les seuils d'alerte régionale.

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Une des particularités des fleuves côtiers qui se jettent dans la Méditerranée et qui nous paraissent si paisibles en temps ordinaire, réside dans leur capacité à se transformer en torrents diluviens, lorsque les précipitations qui s'abattent sur leurs bassins versants deviennent trop importantes. En l'espace de quelques heures, certains de ces fleuves côtiers voient en effet leurs débits multipliés par un facteur 100, voire 300, ou même plus.
Ainsi, il n'est pas rare que l'Agly, dont le débit annuel moyen se situe aux environs de 4 à 5 m³ par seconde, atteigne des débits de 1 020 m³/s (comme ce fut le cas le 13 novembre 1999) ou même supérieurs, comme le 26 septembre 1992 où il atteignit 1410 m³ par seconde, soit, 1,5 fois le débit moyen de la Loire !
De mémoire d'homme, l'Agly enregistra un triste record le 17 octobre 1940.

Aiguat 1940Le fleuve dévasta tout ce qui se trouvait sur son passage, fit de nombreuses victimes et causa des centaines de millions de francs de dégats, lors d'une crue historique:  L'Aiguat. Cet évènement fut la conséquence de précipitations exceptionnelles qui s'abattirent sur la région entre le 16 et le 18 octobre et d'une géomorphologie particulière du bassin de l'Agly qui joue un rôle d'amplificateur d'impact des précipitations. L'Agly collecte ses eaux à travers une bassin versant d'une superficie de 1045 km², dont le point culminant atteint 1845 mètres (Pic de Dormidou). Le cours du fleuve a une longueur de 63 km et une pente moyenne de 17%. Depuis la fin des années 60 et, plus particulièremenr le milieu des années 1970, l'urbanisation de la plaine de la Salanque (zone la plus menacées par les crues de l'Agly) n'arrêta pas de progresser.

Par exemple entre 1975 et 2000 l'accroissement de la population sur le territoire de Saint Laurent de la Salanque fit un bond de +122%.

Devant cette situation, les pouvoirs publics n'eurent d'autre alternative que de mettre en place des mesures visant à la protection des populations. Bien que dès 1969 des plans de barrage sur l'Agly existaient déjà dans les cartons des architectes, ce n'est que vers la fin des années 1980, que diverses études hydrologiques et géologiques complémentaires confirmèrent la faisabilité du projet. Le département des Pyrénées Orientales et le ministère de l’agriculture, décidèrent alors la construction d’un Barrage sur l’Agly, à qui ils attribuèrent initialement quatre fonctions:

  • L'écrêtement des crues de l'Agly: Le débit moyen du fleuve est de 4-5 m3 par seconde. Il peut en quelques heures dépasser 1400 m3 par seconde, comme ce fut le cas pour les crues centennales de 1892 ou de 1940.
  • La constitution d’une réserve d’eau: Mesure destinée, durant la période estivale, à l’irrigation des zones cultivées dans la plaine, à l’alimentation de la nappe phréatique et, en cas de besoin urgent, à la production d’eau potable.
  • La régulation du débit de l’Agly: Permet de prévenir tout assèchement du fleuve et ainsi contribue à sauvegarder sa faune aquatique et de sa flore, tout en autorisant sous certaines contraintes des prélèvements pour l'irrigation des cultures.
  • La production d’électricité: Grâce à une micro-centrale de 2 mégawatts (équivalent d’une éolienne actuelle), capable de produire assez d'électricité pour alimenter 2000 foyers (hors chauffage électrique). On peut cependant regretter que cette centrale n'ait jamais été installée.

Barrage de caramany. StructureLe 23 décembre 1988, les autorités territoriales donnent le premier « coup de pioche », alors que se poursuivent les procédures d’expropriation des propriétaires dont les terrains vont être immergés et que, parallèlement, des fouilles archéologiques dites « de sauvetage » sont lancées, qui permettent de mettre à jour plusieurs habitats néolithiques ainsi qu'une nécropole remarquable qui témoigne qu'il existait en ces lieux, des traditions funéraires avec incinérations aux alentours de 3500 à 4000 avant J-C.

Les grands travaux de terrassement débutent en septembre 1991 et se poursuivent jusqu'en août 1994; le barrage est inauguré le 18 novembre de la même année; commence alors sa mise en eau. L’édifice qui a nécessité la production de 51000 m3 de béton, comprend trois parties: La digue, l’évacuateur de crues et une tour de prise d'eau et de vidange.


La digue: De type « remblai-enrochement », elle a une hauteur de 57 mètres pour une longueur qui dépasse 250 mètres sur sa crête. Les études géologiques ont fait apparaitre que sous l'emplacement du barrage le socle de gneiss était de qualité médiocre, caractérisé par de nombreuses fissures qui ont nécessité l’injection de 5250 m3 de « coulis », jusqu’à cinquante mètres de profondeur, pour réaliser les fondations. La digue est constituée de pierres concassées, passées au tamis de 80 mm, puis compactées, ce qui permet d’obtenir une structure semi-imperméable. Le remblai dont le volume avoisine un million de m3 (équivalent à 38% du volume de la pyramide de Kéops), provient de la roche extraite durant le creusement de l’évacuateur de crue, adjacent à la digue. Pour assurer une étanchéité totale, on a ajouté une paroi verticale d’un mètre d’épaisseur, constituée d’un béton plastique moulé, capable d’accepter des déformations supérieures à 5%. Un système de drainage a été réalisé dans la partie aval du remblai afin de permettre l’évacuation des eaux, en cas d’éventuelles infiltrations. La retenue ainsi créée permet de stocker jusqu’à 30 millions de m3 d’eau. Elle présente environ 12 km de berge et atteint une profondeur maximale de 30 mètres.

Barrage de Caramany; évacuateur de cruesL’évacuateur de crues est constitué par deux canaux latéraux nommés « coursiers ». Le premier, d'une capacité de 980m3/ sec, est alimenté par deux prises d'eau dont l'une (la plus basse) dispose d'une vanne permettant de régler les débits, avant que l'eau n'atteigne le seuil de la seconde prise pour se déverser dans le même coursier. En cas de crue non maitrisable, le second coursier joue son rôle de trop-plein et permet à l'eau de se déverser dans la fosse de dissipation. Ce second coursier a une capacité de 2000 m3 Les deux coursiers en pleine charge, sont capables d'évacuer des volumes d'eau supérieurs à ceux enregistrés lors des dernières crues centennales. Le déversoir de l'évacuateur de crue se jette dans la fosse de dissipation. Cet ensemble permet de freiner le flux qui s'y déverse, en absorbant une partie de l'énergie qu'il véhicule, afin de limiter la force destructrice du flot ainsi que l'érosion et l'affouillement qu'il provoque en aval de la retenue.

La tour de prise: Il s’agit d’une tour permettant de collecter l’eau de la retenue pour la diriger, d'une part vers la micro-centrale (non opérationnelle à ce jour) et d'autre part vers la fosse de dissipation, à partir de laquelle l’Agly reprend son cours naturel. L’eau issue de ce collecteur est régulée par un système de vanne qui permet d’assurer au fleuve un débit constant. La prise d'eau se fait à différents niveaux, par l'intermédiaire de pertuis disposés en plusieurs endroits de la tour. Des vannes commandent l'entrée de l'eau en fonction de différents facteurs, comme le niveau de la retenue ou dans certains cas, sa teneur en sédiments, afin de limiter son impact sur la zone de déversement. Une prise d'eau de plus grande dimension, située au niveau le plus bas de la tour permet d'évacuer l’eau de la retenue, lors des opérations d'éventuelles vidanges du lac.

Au cours de l’année, la retenue d’eau traverse trois phases qui lui permettent de remplir ses fonctions:

Barrage de Caramany. Régulation du débitLe remplissage: Opération qui se situe essentiellement de fin mai à fin juin et qui consiste à accumuler une réserve d’eau suffisante à l'approche de la période estivale.

Le destockage: Etalée entre juillet et fin septembre, cette phase permet de libérer un volume d'eau constant afin de palier aux périodes de sécheresse qui affectent les abords de l'Agly.  .

La veille: Durant l'intervalle qui couvre octobre à mars, la retenue doit être capable de recevoir les éventuelles crues de l'Agly. A cette période le niveau d’eau du lac ne doit pas être trop élevé, afin de pouvoir jouer un premier rôle de tampon, en cas de montée subite des eaux et avant que les évacuateurs de crues n’entrent en fonction.

Bien que la dénomination officielle de cette construction soit "Barrage sur l'Agly", l'appellation de "Barrage de Caramany" est entrée tout naturellement dans le langage usuel, en raison du fait que la retenue d'eau se situe pour 90% sur le territoire de notre cher village.

Lien utile:

Photos* et schémas: Philippe Garcelon

* sauf: Aiguat 1940 au "Pont Joffre" (archives)