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François De Mauléon Narbonne, seigneur de Caramany
- Détails
- Publié le: 07/11/2009
- Auteur: Bernard Caillens
La seigneurie de Caramany a été créée à la fin du XIème ou au XIIème siècle. Très certainement, le premier seigneur s’en est vu confier la garde par le vicomte de Fenouillet, suzerain des lieux et, en prenant le nom de ses nouvelles terres, il est à l’origine de la famille des De Caramany.
Après la croisade contre les Albigeois ou à cause du traité de Corbeil, en 1258, qui rattache la vicomté de Fenouillèdes au royaume de France par la volonté du roi Louis IX (Saint Louis), les De Caramany suivent probablement leur suzerain Pierre de Fenouillet et quittent leurs terres.
Par héritage ou probablement par vente, la seigneurie de Caramany passe de main en main au cours des siècles.Le tout dernier propriétaire est le comte François de Mauléon Narbonne, seigneur de Nébias, Brenac, Trilla, Caramany, coseigneur de Saint Arnac.
Il est issu d’une famille de vieille noblesse française qui remonte au début du XIème siècle et dont l’origine provient de la seigneurie de Mauléon, capitale de la Soule, au pays basque. La branche de Narbonne a été rattachée au XVIème siècle.
François de Mauléon Narbonne, appelé aussi parfois François Savary de Mauléon Narbonne de Nébias est né à Nébias (département actuel de l’Aude).Les généalogistes ne sont pas d’accord sur sa naissance puisqu’on trouve 1760, 1761, 1762 selon les études. C’est le fils de Marc Antoine V de Mauléon Narbonne, dit le marquis de Mauléon Narbonne (1724 – 1774) et de Suzanne Jeanne Françoise de Roger de Carmaing (1735 – 1790).Il a reçu le titre de mestre de camp de cavalerie (soit colonel commandant un régiment de cavalerie), grade généralement réservé aux gentilshommes et sa généalogie signale qu’il a eu les honneurs de la Cour en 1786. Il a donc rencontré Louis XVI, preuve de la reconnaissance officielle de sa famille ; son père lui-même avait reçu les honneurs de la Cour en 1782.
Cette reconnaissance l’a-t-elle desservie lors des événements dramatiques de la révolution française, c’est fort possible puisqu’il fait partie de la liste des guillotinés de 1794.
A Caramany pourtant, il semble avoir bien négocié le virage de la révolution. Il ne résidait pas au village où il était représenté par un baile, sorte d’intendant local chargé de recouvrer les impôts, et deux consuls choisis par lui Michel Delonca et François Bedos. Le total des redevances qui lui sont versées par la population est estimé, en 1792, à 297 livres, 2 sous et 6 deniers dont une partie est versée en nature : un peu d’avoine et de blé, 101 gélines et 800 litres de vin. La vigne est donc déjà présente à Caramany. L’inventaire du château fait en l’an II de la république, fait d’ailleurs état de l’existence d’une "petite cave" contenant huit barriques et trois tonneaux soit 43 charges* et d’une "grande cave" contenant treize tonneaux soit une contenance de 98 charges*. Du matériel servant à faire les vendanges est également présent dans cet inventaire : 17 comportes et deux fouloirs avec leur grille.
Le seigneur est également propriétaire de 18,76 hectares de champs entourés de gros et beaux oliviers, de prés et de jardins se situant pour la plupart aux lieux-dits les Condomines et le Jonquié. Il possède également au moins deux moulins, celui à farine du Jonquié et celui à huile près du ruisseau de l’Abeuradou (actuellement entre le village et la cave coopérative) mais aussi 4 bœufs, dans l’étable du château, et 461 bêtes à laine qui disposent d’un cortal de 294 mètres carrés Della laigue, c'est-à-dire de l’autre côte de la rivière, face à l’emplacement de l’ancien pont rose.
François de Mauléon Narbonne ne réside pas au château à peine meublé et qui semble servir uniquement d’entrepôt des réserves de vin, d’huile et d’outillage. Il vend en l’an II de la république (en 1794 ?)la majeure partie de ses terres à Charles Chauvet, un riche bourgeois de Caramany, marchand de draps de son état.
Comment était-il devenu seigneur de Caramany ? Nous l’ignorons pour le moment.
Curieusement sa mère s’appelait De Roger De Carmaing. Cette famille semble provenir de Caraman (31) que les sites généalogiques associent à Carmaing. Mais dans « les archives généalogiques et historiques de la noblesse de France », on trouve aussi Susanne Jeanne Françoise de Caramaing qui correspond exactement à l’orthographe de Caramany utilisée au XVIIIème siècle.
Quelle coïncidence de voir ces paroisses, au nom si proche mais à l’étymologie différente, francisées toutes deux en "aing" et de trouver le Comte de Mauléon Narbonne, seigneur de Caramany, descendant d’une famille De Carmaing par sa mère !
* Une charge est une mesure de capacité équivalant en moyenne à 120 litres.
Sources : archives communales, D’Ille d’ailleurs n°2,Généanet, Armorial du pays d’Oc
D'après l'auteur, François Savary de Mauléon Narbonne de Nébias a été page aux écuries du roi Louis XVI. Pendant la révolution, il participe à la défense des Tuileries comme capitaine chargé des canons sur les hauteurs. Il prit la fuite, (précisons que le palais des Tuileries devenu résidence de la famille royale contre son gré, a été attaqué par les Parisiens et la garde nationale le 10 aôut 1792), et se réfugia à Nébias où les révolutionnaires vinrent l'arrêter.Il fut guillotiné à Collioure (cela rejoint les sources précédentes) mais d'autres (?) le disent déporté. Il ne revint jamais.
Son épouse Marguerite de Béon Cazaux et ses deux enfants, Elisabeth (4ans) et Mathieu Antoine (2ans) se réfugièrent en Espagne.