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Caramany dans la presse régionale et nationale -5

En cette matinée du 15 juin 1907? lorsqu'ils ouvrent leur quotidien, les lecteurs de La Croix, comme ceux de la République Française, du Petit Marseillais, du Siècle, pour n'en citer que quelques-uns, tombent sur une information concernant les événements dans le Midi, à laquelle, depuis quelques jours, ils commencent à s'habituer :

« Les conseils municipaux suivants sont démissionnaires : Tressere, Cassagnes, Saint Jean Pla de Corts, Villelongue dels monts, Tautavel, Baho, Montesquieu, Canohès, Camélas, Caramany, Corbère du milieu, Ansignan, Estagel. »

Que se passe t-il donc pour que notre commune perde d'un coup son exécutif ? 

Les prémices d'une grave crise : 

Confrontés à la terrible crise causée par les dégâts du phylloxéra (à partir de l'année 1878), les vignerons ont réagi et pour la plupart rénové leur vignoble en replantant des plants américains. Peu à peu, les vignes ont reconquis leur espace, que ce soit sur les berges de l'Agly, comme sur les collines. Et c'est le cas partout. Les départements des Pyrénées orientales, de l'Aude, de l'Hérault et du Gard, deviennent pratiquement une zone de monoculture. De 325 000 ha en 1890, à l'issue de la maladie, la vigne occupe 462 000 ha en 1900. Mais les viticulteurs vont entrer dans le XXe siècle en subissant l'effondrement du prix du vin.

En effet, avec une production nationale en constante augmentation à laquelle il faut ajouter l'arrivée par les ports de la Méditerranée, de la production du vignoble des départements d'Algérie, la consommation annuelle nationale, qui est pourtant en moyenne de 56,7 millions d'hectolitres, ne parvient plus à tout écouler. Les cours s'effondrent et le député du Gard Gaston Doumergue, fils de vigneron et futur Président de la République (1924 – 1931), écrira « On a planté beaucoup de vignes, on a négligé de planter en même temps assez de consommateurs. » 

Caramany ne fait pas exception : 

Des vignes partoutDans les années 1890, les moulins ont cessé leur activité1, preuve que l'on a délaissé toutes les cultures céréalières qui occupaient au siècle précédent les berges de l'Agly, de même que les oliveraies. A l'exception peut-être de l'institutrice, du curé et du facteur tous deux nouvellement nommés au village, toutes les familles dépendent de l'économie de la vigne; certaines entièrement, propriétaires et ouvriers agricoles, d'autres partiellement. Les artisans ou les commerçants ont soit leur propre lopin de terre, soient louent leur service à la journée auprès des "grands" propriétaires. S'il fallait choisir un seul exemple, ce serait celui d'Antoine Molins. A la tête d'un commerce « épicerie-mercerie-tissu-confections », il procure pour exploiter ses terres et assurer les vendanges des journées de travail à plus de quarante personnes, parmi lesquelles Edmond Delonca et Pierre Calvet, maçons, Jean Dabat, maréchal, Jean-Pierre Sabrazès le scieur de long, Olivier Lacourt, fils du boucher, Auguste et Clemenceau Gély, les étameurs, Baptiste Fabre le matelassier et d'autres encore.2

La presse de l'époque fournit de nombreuses traces de cette activité économique. La petite Gironde qui assure une rubrique viticole a apparemment un bon correspondant dans le secteur. Découvrons quelques uns de ses communiqués :

  • 25 janvier 1875 : Notre correspondant de Perpignan nous signale quelques petits achats faits à 28 francs les 120 l, dans les terroirs de Montalba, Caramany, Latour de France, Estagel et Planèzes,

  • 27 février 1893 : Du côté de Caramany, nous avons acheté des 11 1/2 à 12° à 20 et 21 francs la charge... A Caramany et Rasiguères, ce sont de petites caves et on ne peut guère espérer arriver à y faire des affaires qu'avec la présence du négociant surtout à cause de la distance où ils se trouvent »

  • 20 mars 1893, A Caramany et à Rasiguères, nous avons acheté à 19 et 22 francs la charge des vins de 12°à 12°1/2 ;

  • 26 février 1898, A Caramany, les détenteurs de bonnes qualités n'écoulant pas d'offres au dessous de 25 francs la charge, quelques lots assez sérieux ont été payés ces jours derniers de 25 à 27 francs

  • 14 août 1898, On écrit de Caramany : 11 août. Grâce à l'influence de la température, notre vignoble s'est notablement amélioré. Les raisins qui ont été épargnés par les maladies cryptogamiques se sont beaucoup développés et compenseront peut-être les manquants. La qualité sera, espère t-on très bonne, mais la quantité atteindra tout au plus une petite moyenne.

  • 30 octobre 1898, achat dans les caves de Ferdinand Richard, Pierrette Sabrazès et Jean Laforgue de vins pesant de 12 à 12°, à 2 francs le degré

  • 7 mars 1899, vente de 120 charges d'un vin titrant à 10°1 par Nicolas Dabat, maire, 28 francs et une autre de 20 charges , 11°8, par Léonard Razès, 27 francs, ainsi que divers petits lots, dans les prix de 27 à 29 francs la charge.

La Revue de la viticulture fait état de la réussite dans l'exploitation de leur vignoble de François Vignaud, Michel Pratx et François Foussat. Nous savons que c'est aussi le cas d'Eugène Armingaud, Jean-Baptiste Estève ou Justin Lacourt. 4

L'avenir agathois du 20 septembre 1908 mentionne le sieur Canredon fils, courtier à Caramany. On retrouve son nom dans les publications de mariage de la Dépêche du 7 décembre 1909 : « Léon Canredon, négociant en vins à Caramany et Germaine Delonca, sans profession. »

D'ailleurs, il n'est pas le seul courtier puisque Paul Gély-Fort se lance aussi dans le négoce des vins.

La culture de la vigne apparaissait donc pour l'époque comme la solution d'avenir, mais en ayant presque exclusivement basée son économie sur elle, Caramany allait subir la crise de plein fouet. 

La révolte des vignerons 

Manifestation à PerpignanEn 1900, à cause d'une production qui augmente d'année en année et suite à des vendanges exceptionnelles, les prix s'effondrent. Dès lors les choses ne vont faire qu'empirer.

En 1903, les vignerons accusent le gouvernement qui a considérablement baissé la taxe sur les sucres de favoriser la fabrication artificielle des vins de table et donc d'augmenter la production. Pour eux, le sucre devient la cause principale de la crise, permettant de fabriquer des vins artificiels qui augmentent encore le volume récolté. En même temps les ouvriers agricoles qui ont vu leur salaire amputer de moitié déclenchent des grèves. Les plus importantes se dérouleront de décembre 1903 à mars 1904.

En 1907, le gouvernement présidé par Clemenceau décide d'envoyer une commission parlementaire chargée d'enquêter sur la situation viticole du Midi. Elle arrive le 11 mars à Narbonne et trouve pour l’accueillir 87 vignerons du village d'Argeliers conduits par un certain Marcelin Albert. Se positionnant pour la distillation et l’abolition du sucrage, il décide de faire chaque dimanche un tournée oratoire dans les villages du département. Et chaque dimanche, le nombre de ceux qui viennent l’écouter augmente. Il propose la création d'une fédération unitaire des départements agricoles. La presse parle de plus en plus de lui, il devient le porte-parole des "gueux" ou de "ceux qui crèvent de faim"5. Fin avril, les événements s'accélèrent. Alors qu'ils sont 20 000 à Lézignan le 28 avril, les manifestants sont 80 000 à Narbonne, le 5 mai. Le 12 mai, ils se retrouvent 160 000 à Béziers. C'est ce jour-là qu'Ernest Ferroul, le maire de Narbonne lance un ultimatum au gouvernement en préconisant la grève de l'impôt.

Le rassemblement suivant est prévu à Perpignan et bien sûr dans les Pyrénées orientales, on mobilise. 

Les Carmagnols à la manifestation : 

Cela ne fait pas de doute : les Carmagnols ont décidé de participer puisqu'ils fabriquent deux pancartes : l'une portant le nom de la commune, l'autre arborant un slogan. Et ils doivent être d'autant plus déterminés qu'en plus d'être victimes de la crise, ils viennent de voir leur récolte de l'année fortement compromise. Voici ce que l'on peut lire dans la Revue de la viticulture du 23 mai 1907 : « Roussillon : Un violent orage de grêle s'est abattu dans l'après-midi du 8 mai dévastant les récoltes de diverses communes du département des PO notamment celles d'Ansignan, Cassagnes, Latour de France, Montner, Bélesta, Caramany, Lansac, Montalba de Latour... Les populations sont consternées. »

Ils s'apprêtent donc à se rendre en charrette dans la capitale roussillonnaise pour se ranger à la place qui leur sera attribuée. Et en ce matin du 19 mai, on sait déjà que la mobilisation est une réussite. Le lendemain, les journaux parleront d'un total de 170 000 participants. Pour les PO, 84 communes et 76 652 manifestants. Et puisque notre village est à l'honneur dans l'un de ses romans, je laisse la parole à Hélène Legrais.6

« Une heure tinta au clocher de la cathédrale... Le cortège commençait à se former et il (Jordi) devait rejoindre la délégation de Baixas qui ouvrirait comme d'habitude la marche juste derrière celle d'Argeliers. Ensuite se succéderaient Audois et Héraultais et tous ceux venus d'encore plus loin qui recevraient à n'en pas douter une ovation particulière, et tous les villages du département, canton par canton, rangés derrière leurs pancartes et leurs bannières. Perpignan, ville hôte fermerait la marche...

La bannière du Vernet était très admirée : on y voyait une femme donnant du raisin à son enfant qui lui demandait du pain. Du pain, ils étaient nombreux à en agiter avec une étiquette indiquant « Le dernier croûton ». Caramany commentait la situation d'un jeu de mots : « La faim justifie les moyens. »

Cet humour, politesse du désespoir, c'était leur façon à tous de revendiquer leur dignité, de réaffirmer leur fierté malgré les avanies. »

Nous n'avons pas la liste des Carmagnols qui ont manifesté mais nous avons au moins celle du Conseil municipal qui a défilé juste derrière les pancartes.

Il est donc temps pour nous de savoir qui étaient ces élus qui, quelques jours plus tard, devaient démissionner. La municipalité était sortie des urnes lors des élections du 1er mai 1904. Convoquée le 15 mai, à trois heures du soir, elle avait élu le maire et l'adjoint et était donc composée de la façon suivante, dans l'ordre du tableau :

Manifestation à Perpignan1 Dabat Nicolas, maire

2 Foussat François, adjoint

3 Gély-Fort Paul

4 Molins Antoine

5 Joulia Célestin

6 Estève Jean-Baptiste

7 Saly Eugène

8 Solère Etienne

9 Canredon Joseph-Léon

10 Montferrand Jean-Baptiste

11 Pratx Michel

12 Tarrius Bonaventure

Après avoir défilé calmement, la foule rejoint la promenade des platanes où l'on écoute les orateurs. Ensuite c'est le retour au foyer. L’atmosphère a toujours été bon enfant, les autorités municipales ont participé. Qui aurait pu croire qu'un mois plus tard une manifestation identique tournerait au massacre ? 

La situation devient explosive 

De dimanche en dimanche, les manifestations s'intensifient : 250 000 personnes à Carcassonne le 26 mai, 300 000 à Nîmes le 2 juin, 500 000 à Montpellier le 9 juin auxquelles il faut ajouter le soutien de 50 000 manifestants à Alger. Ce jour-là, estimant que l'ultimatum d'Ernest Ferroul a expiré, le comité d’initiative et de défense viticole, met en application ses avertissements : grève de l'impôt à laquelle s'ajoute la démission du corps des élus. 618 municipalités démissionnent dans la foulée et hissent un drapeau noir au fronton des mairies. Caramany sera donc du nombre avec 101 autres localités des PO. A la démission du Conseil, s'ajoutera pour Paul Gély-Fort, logique jusqu'au bout, celle de sa fonction de conseiller d'arrondissement.7

L'impact de ces démissions au niveau national est considérable et suscite la désapprobation d'une presse nationale qui, jusque-là, avait été plutôt favorable aux meetings. Le président du Conseil Georges Clémenceau envoie une longe missive à tous les maires démissionnaires en leur demandant de revenir sur leur décision. Peine perdue. Il décide alors d'incarcérer les instigateurs de ces démissions, en l'occurrence le comité d'action viticole d'Argeliers et Ernest Ferroul. Le maire de Narbonne sera arrêté le 19 juin et dans la soirée des affrontements éclatent dans la ville faisant un mort. Le lendemain 20 juin, des fantassins massés dans l'Hôtel de ville prennent peur et tirent sur la foule faisant cinq autres morts. Ces nouvelles dramatiques arrivent à Perpignan. A partir de 21 heures, deux mille manifestants enfoncent les portes de la préfecture saccagent le bâtiment et y mettent le feu. Il faut plusieurs charges des gendarmes à cheval et du 24ème régiment d'infanterie de marine pour la dégager. A plusieurs kilomètres de là, le 17 ème régiment d'infanterie, composé de soldats méridionaux se mutine, part à pied d'Agde où les autorités l'avaient éloigné et rejoint Béziers. Cette mutinerie restera pacifique mais elle entraînera l'affolement de certains notables qui craignent la guerre civile. 

Le retour au calme 

Le 29 juin, la loi « tendant à prévenir le mouillage des vins et les abus du sucrage » est adoptée. Elle impose la déclaration de récolte et de stocks, le contrôle des ventes et et des achats de moûts et de vendanges fraîches, l’interdiction de fabrication et de vente des vins artificiels, une surtaxe sur le sucre, la déclaration par les commerçants des ventes de sucre supérieures à 25 kg. Elle sera complétée le 15 juillet par une réglementation de la circulation des vins et des alcools.

La situation s'apaise peu à peu et les conseils municipaux démissionnaires reviennent sur leur décision. Ce sera au mois d'août pour les Carmagnols.

Dans leur édition du 16, pour le Petit Marseillais ou la France de Bordeaux et du Sud Ouest, ou du 17 pour le Petit Parisien, on peut lire: « Les conseils municipaux ont retiré leur démission dans les commune suivantes : Caramany, Caudiès de Fenouillèdes, Lansac, Llupia, Salses, Espira de l'Agly, Baho, Estagel, Bompas. Il ne reste dans le département que sept communes dont les municipalités n'aient pas retiré leur démission ». Pour les conseillers d'arrondissement, la sortie de crise sera différente : des élections étant prévues les 28 juillet et 4 août, Paul Gély-Fort se représentera et sera réélu. 

Après la grêle de mai, la pluie d'octobre. 

Nicolas Dabat et son équipe reprennent donc les rênes, ils n'en ont pas fini pour autant avec l'année 1907. En automne, le climat méditerranéen se rappellera à eux.

L’Événement du 15 octobre publie l'information suivante reprise par 19 autres journaux nationaux ou régionaux qu'il serait trop long de citer : Sous un grand titre « Les inondations »  et en sous titre « Nouveaux orages dans le Midi - Partout les rivières débordent accumulant les ruines – Communications interrompues », l'article commence ainsi : « Perpignan – 14 octobre : A Caramany un orage d'une violence inouïe s'est abattu sur le territoire. La pluie était mélangée de grêlons qui ont endommagé les vignes non encore vendangées. » Les mots sont forts, on parle de trombes d'eau de désastre, de ruines ; des victimes seront hélas à déplorer à Corsavy ou Amélie les bains.

Une fois de plus, les vignerons relèveront la tête, affirmant toujours plus la vocation viticole de Caramany qui se poursuivra avec des périodes plus ou moins fastes. 

Caramany manifeste

L'Histoire se répète. 

Mais cet épisode laissera des traces. En 1954, le maire, Clément Caillens envoie la lettre suivante au Préfet des PO.

« Nous, soussignés, maire et conseillers municipaux de la commune de Caramany, constatant que malgré les promesses faites aux viticulteurs, la situation viticole ne fait que s'aggraver chaque jour apportant la gène et la misère parmi nos populations laborieuses, avons le regret de vous adresser notre démission de maire et de conseillers municipaux de la commune de Caramany. 

Fait à Caramany, le 13 mars 1954. 

Cette décision solennelle sera renforcée par la participation des Carmagnols à une grande manifestation à Perpignan ; ils ont défilé, élus en tête, derrière une vieille pancarte que l'on avait rafraîchie, à laquelle on avait rajouté 1954 et qui portait fièrement un slogan. Devinez lequel ? 

Notes :

  1. Moulins et meuniers en Fenouillèdes – page 45
  2.  Relire les articles la famille Molins et les métiers en 1900 rubrique anecdotes
  3.  Preuve que le vin se vendait bien à Caramany. Le prix de vente moyen dans le Midi était de 18,90 francs. De 1900 à 1909, il chutera à 12,20 francs
  4.  Relire l'article sur les Carmagnols méritants rubrique anecdotes 2022
  5.  Il écrit dans le premier numéro du Tocsin, le journal qu'il crée en avril 1907 : « Qui nous sommes ? Nous sommes des miséreux, des miséreux qui ont femmes et enfants et qui ne peuvent pas vivre de l'air du temps ; nous sommes ceux qui ont des vignes au soleil et des outils au bout des bras, ceux qui veulent manger en travaillant et qui ont droit à la vie. Nous sommes ceux qui ne veulent pas crever de faim. »
  6. Le destin des jumeaux Fabrègues - Presses de la Cité, dans la collection romans Terres de France 2004
  7.  Le conseil d'arrondissement était formé de conseillers élus sur les territoires des cantons; leur rôle consistait à examiner la situation fiscale du département et à émettre des vœux, sur les travaux à réaliser sur le canton, par exemple la voirie. Ces vœux étaient ensuite transmis par le sous-préfet au Conseil général organe de décision. Les conseillers d'arrondissement faisaient partie du collège élisant les sénateurs. Les conseils d'arrondissement ont été suspendus par la loi du 12 octobre 1940 et jamais remis en vigueur. 

Sources écrites :

registre de délibérations 1904 – archives municipales
copie de la lettre au Préfet 1954 – archives municipales
1907 -2007 Un siècle rouge et ardent Hors série Midi libre – l'Indépendant
1907 La révolte du Midi de A à Z – Jean Sagnes et Claude Seguela ; Editions Aldacom, février 2007

Midi viticole 1907/2007 Les vendanges de la colère – Editions Au diable Vauvert 2006

C'est dans cet ouvrage que j'ai trouvé le premier numéro du Tocsin.

Sources numériques

site www.retronews.fr Le site de presse de la Bibliothèque nationale de France 

Photos :

miniature: la vigne du Prat gran - B Caillens

1 La cave coopérative au milieu des vignes, symbole de la monoculture - archives personnelles

2 et 3 La manifestation de Perpignan - Wikipédia

4 Les Carmagnols manifestent en 1954 - archives personnelles