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Les achats des Carmagnols, le coût de la vie

 Antoine Molins tenait un commerce en tous genres. En faisant référence à nos habitudes de consommateurs actuels, on pourrait penser que les produits alimentaires représentaient la plus grande partie de ses ventes . Et bien pas du tout!

Pour se nourrir, les Carmagnols utilisaient leurs ressources propres: les nombreux jardins potagers qui avaient recouvert les collines de la Sale ou des Fumades et la plaine de l'Horto, les arbres fruitiers plantés souvent en bordure des champs ou des vignes, pêchers, abricotiers, cerisiers, poiriers, figuiers, châtaigniers, oliviers, néfliers, noyers, amandiers, leur élevage de volailles et de lapins, leurs chèvres, sans oublier les raisins de table, les produits de la chasse, de la pêche (ou du braconnage) et de la cueillette sauvage, asperges, champignons, mûres.

 Des achats restreints:

 Ils n'achetaient donc que des produits qu'ils ne pouvaient se procurer par eux mêmes; on trouve sur les pages du registre des crédits pour:

- du sucre à 1,25 F le kilo,

- du café à 0,30 F le paquet de 250g (A Molins notait ¼.),

- de la morue à 0,45 F le demi kilo,

- de l'huile à 1,20 F le litre.

Beaucoup plus rarement sont notés du chocolat (0,90 f la tablette), des vermicelles (0,25 F le 1/4) ou du sel : le kilogramme de sel gros coûtait 0,175 F alors que celui de sel fin coûtait 0,25 F .

Ils venaient aussi au magasin pour quelques produits de première nécessité relatifs à l'hygiène ou l'éclairage.

Ils achètent le savon à 0,35 F la pierre, le pétrole à 0,40 F le litre et les bougies vendues à l'unité 0,15 F.

Enfin ils se procurent certainement avec parcimonie, de quoi se chausser et de quoi s'habiller.

En 1900, Antoine Molins vend:

- beaucoup d'espadrilles, femme à partir de 1,25 F, homme à partir de 2,25 F,

- des paires de sabots, la paire pour femme coûte 1,15 F, celle pour homme 1,40 F; certains sont qualifié de catalans, on les trouve à 0,85 F, d'autres de sabots bottine dont le prix peut aller jusqu'à 3 F,

- rarement des pantoufles (4 F) ou des souliers de ville. Le 14 juillet 1904, a été vendue une paire de souliers à boutons pour 7,50 Fet le 19 mars 1908, une paire de souliers vachette jaune pour 4,50 F.

Pour l'habillement certains se fournissent en chaussons 1F, ou bas de laine 1,25 F. Ils achètent parfois une chemise flanelle 3,00 F, un pantalon bleu qui fait partie de la tenue de travail 3,0achat d'oranges0 F, un pantalon coutil 3,50 F, un caleçon homme 1,50 F, un béret 2,00 F, une casquette 1,50 F, un foulard, il y en a à tous les prix.

Côté confection les produits sont variés mais ne représentent que des petites ventes: des pelotes de laine, du coton écru, de la toile bleue, des boutons de nacre,des draps, des taies d'oreiller, de la satinette, du calicot (inscrit Calico), du fil, de la lustrine.

Au rayon droguerie, le pétrole voisine avec le vitriol (4 litres pour 3 francs en 1904), la photoline1 (2,70 f le bidon en 1900), la teinture noire, la potasse. Il est même possible de commander des outils. Edmond Delonca, un des maçons du village a acheté un niveau; sur sa ligne de crédit, Antoine Molins a rajouté porté de Perpignan . C'était le 19 août 1899, un jour de grande dépense pour Edmond Delonca qui en a profité pour faire l'achat de quatre chemises d'un coup.

 Quelques achats insolites: 

Voici relevés au fil des pages quelques achats qui n'apparaissent qu'une seule fois, donc rarissimes et certainement fournis sur commande:

- du thé purgatif, 25 septembre 1899

- un balai américain, le 1er août 1900 pour 0,90 F

- des harengades, le 7 mars 1900

- du plomb et des amorces, le 29 janvier 1901. Chose surprenante, le folio est au nom d'une dame, Mathilde Caillens; il devait quand même y avoir des chasseurs dans la famille.

- un cahier pour 0,10 F, le 1er décembre 1899; non, ce n'était pas pour l'instituteur,

- une coiffure catalane imitation, le 29 octobre 1899 pour 5 francs.

- Pour les folio 256fumeurs, le papier à cigarettes revient à 5 centimes.

Etonnant pour l'époque l'achat d'un pantalon femme le 4 avril 1900. L'épouse de Monsieur le Maire, car ce crédit figure parmi les achats effectués sous le nom du premier magistrat Nicolas Dabat, serait-elle en avance sur son temps?

Plus surprenant encore, le 16 avril 1900, le menuisier Jean Sire a fait l'acquisition d'une casquette automobile. Cet achat annonce t-il l'arrivée des premières voitures à Caramany? L'enquête est ouverte.

Enfin, fait banal pour nous mais exceptionnel pour l'époque car cela suppose des échanges commerciaux internationaux, le 24 janvier 1913 ont été vendues deux oranges pour 0,10 F et là oui, c'était à l'instituteur. (voir photo 1) Acheter des oranges est devenu pour certaines familles le luxe que l'on se permettait à Noël, parfois ce fruit exotique était même le cadeau que l'on offrait aux enfants.

 Les achats de la commune: 

La commune apparaît sur les folios 206 et 256; les achats concernent essentiellement des litres de pétrole et quelques bougies destinés sûrement à l'éclairage de la mairie et de l'école.

Antoine Molins fournit aussi les balais, de la colle forte ( 6 juin 1905), des pointes semences. Une commande se repère immédiatement sur chaque page, c'est celle du képi du garde champêtre2 fourni pour 6 F, le 8 juillet 1905 et renouvelé le 13 juillet 1912 pour 6,50 F.

Le 7 août 1906, il fournit une nouvelle lampe suspensoir pour la somme de 25 francs, ce qui est un gros achat. De temps en temps, il remplace quelques verres de lampe. Il faut dire qu'il était conseiller municipal et membre de la commission scolaire, mais cela ne semble pas lui avoir accorder une quelconque préférence. Le nombre de commandes est très variable selon les années; la commune devait également se fournir chez les autres commerçants.

 

Notes:

  1.  Si vous cherchez photoline sur internet vous trouverez que c'est un logiciel de retouche de photos. Ce n'est pas ce que vendait Antoine Molins en bidon. Aucun des dictionnaires que j'ai consulté ne comporte ce nom; c'est pourtant ce qui a été écrit le 27 mars 1900, sur le folio 20 appartenant au menuisier Jean Sire. Peut-être une commande spéciale en lien avec sa profession?
  2. L'intitulé exact est: 1 képi commissaire de police

 source:

  • livre de comptes d'Antoine Molins mis gracieusement à notre disposition par madame Michèle Barbet à qui nous adressons tous nos remerciements.