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Les années en 3: de 1893 à 1993
- Détails
- Publié le: 14/10/2013
- Auteur: Bernard Caillens
1893: Il faut reconstruire le pont emporté par les flots.
date: le trois avril
maire: Nicolas Dabat
A noter: 1892 a été une année de crue. Le pont en pierre construit sous le second empire qui permettait de relier les rives de l'Agly et donc d'accéder aux propriétés de "della l'aygue" a été emporté.
Monsieur le Maire a réuni le Conseil « à effet de donner son avis sur les pièces formant le dossier de construction d'un pont en maçonnerie sur l'Agly.
Il a mis sous les yeux des conseillers 1° le rapport de l'agent-voyer d'arrondissement, 2° l'état des terrains à acquérir, 3° l'état parcellaire, 4° le profil en long.
Le Conseil, après avoir pris connaissance des pièces susmentionnées, et en avoir délibéré, est d'avis à l'unanimité, qu'il y a lieu de procéder à la construction dudit pont d'après le plan qui lui est soumis par l'administration, et émet le vœu que les travaux soient commencés le plutôt possible afin de ne pas laisser trop longtemps en souffrance les intérêts commerciaux de la commune. »
remarque complémentaire: Le 19 février précédent, le Conseil avait transmis ses félicitations au député de la circonscription M Rolland qui avait obtenu une subvention du Ministre de l'Intérieur, (relire dans cette même rubrique l'article 1895: un premier hiver rude pour le Pont rose).
1903: Un courrier en voiture pour améliorer le service
date: le 1er décembre
maire: Nicolas Dabat:
A noter: Le service du courrier est un souci constant des différentes équipes municipales (relire les années 1823 et 1883).
En cette fin de siècle, la mise en place d'un courrier en voiture est à l'étude; il faut entendre par là une voiture hippomobile légère genre cabriolet. Mais le préfet demande aux communes de participer. Caramany en profite pour demander la création d'un bureau des Postes.
« Le Conseil, considérant qu'un courrier en voiture d'Ille à Saint-Paul par Bélesta, Caramany et Ansignan, rendrait de grands services à ces 3 communes ainsi qu'à celles qui s'en trouvent approchées, vote pour l'établissement de ce courrier une subvention annuelle de trois cents francs qui prendra fin lorsque l'administration sera en mesure de prendre à sa charge la totalité de la dépense, et à la condition expresse que l'administration créera un poste de facteur receveur à Caramany afin que toutes les correspondances à destination de Caramany venant du côté d'Ille ou de Saint-Paul puissent être distribuées sans aucun retard, et cela dans l'intérêt du commerce de la commune qui compte une 20e de patentables: épiciers, marchands d'étoffes, boulangers, bouchers, cafetiers, aubergistes, etc...et qui à elle seule reçoit plus de correspondance que les communes de Bélesta et d'Ansignan réunies.
Le conseil municipal, malgré sa bonne volonté et son ardent désir de voir aboutir le projet en question est dans l' impossibilité de voter une plus forte subvention, vu les impositions extraordinaires qui grèvent déjà le budget communal: impositions pour le télégraphe, le téléphone, le projet fontinal, l'achat de terrains pour la place publique, etc... »
1913: La commune tire quelques revenus de son sous sol.
date: le onze avril, à huit heures du soir
maire: Paul Gély-Fort
Les intitulés de la délibération sont Ferme des mines et Bail à ferme de la carrière de marbre. Le Conseil renouvelle au sieur Prat Joseph une autorisation consentie pour dix ans de faire dans les vacants communaux des fouilles ainsi que tous les travaux utiles pour y rechercher du minerai de fer. Cette autorisation est consentie moyennant une redevance annelle de deux cents francs ... Il est précisé que « les chemins d'exploitation et les constructions établies demeureront en cas de résiliation ou à l'expiration du bail propriété de la commune sans indemnité d'aucune sorte de la part de cette dernière. Les troupeaux communaux conserveront le libre parcours des vacants susdits. »
Le Conseil examine ensuite la demande du « sieur Guillemet François, adjudicataire des travaux d'entretien à effectuer sur les chemins d'intérêt commun n°21 et de grande communication n°9 qui sollicite l'autorisation d'extraire de la carrière de marbre communale située au lieu dit Cami de St Paul section A n°368 du plan cadastral, les graviers, moellons et pierres de taille nécessaires à l'exécution de travaux susdits.
Le Conseil... décide d'accorder l'autorisation demandée pour une durée de quatre ans moyennant une redevance annuelle de cinquante francs payables d'avance. »
remarque complémentaire: A la fin du XIXème siècle, période dite de la révolution industrielle, les recherches de gisements sont nombreuses et la vallée de l'Agly est concernée. Les traces de l'exploitation de la mine de fer de Planèzes Rasiguères qui a duré de 1916 à 1931 sont encore visibles, mais d'autres gisements avaient été repérés.
Le 24 février 1866, MM Cussol Alphonse, Civieude Paul et Alary André déclarent avoir découvert une mine de fer riche dans le territoire de Caramany.
Le 26 avril 1866, M Estève de Caramany, est autorisé à exploiter un filon à ciel ouvert entre Saint Arnac et Rasiguères.
Le 24 mai 1866, M Soumain, de Sahorre, demande à pratiquer des fouilles entre Rasiguères et Caramany disant y trouver des mines de fer très riches.
Le 31 mai 1870, MM Prats et Delonca exploitent une mine de fer à ciel ouvert dans le territoire de Caramany
source: Bulletin de la société languedocienne de géographie. Montpellier 1884
1923: Demande de sursis à l'incorporation
date: 5 octobre
maire: Paul Gély-Fort
Trouver une demande de sursis à l' incorporation n'est pas très original. Mais ce qui rend celle-ci remarquable, c'est que le motif invoqué est la préparation d'une agrégation d'Anglais. En 1923, c'était loin d'être courant. Voyons un peu:
« Le président donne connaissance à l'assemblée d'une lettre de M. Olive Louis de la classe 1921 qui demande un nouveau sursis pour continuer ses études (agrégation d'Anglais).
Le Conseil, vu la situation de l'intéressé, considérant que le sieur Olive Louis aurait avantage à continuer ses études sans interruption pour préparer l'agrégation d'Anglais, à l'unanimité des membres présents, émet l'avis que sa demande soit favorablement accueillie. »
Remarque complémentaire: En 1916, le sieur Louis Olive était élève au collège de garçons de Perpignan. La délibération du Conseil général qui lui attribue 3/4 de bourse départementale précise qu'il figure au tableau d'honneur. Il est devenu plus tard le père Olive de l'ordre des Dominicains. Il prenait plaisir à revenir chaque année à Caramany aux alentours du 4 septembre de façon à pouvoir célébrer la messe de la Saint Roch et de la fête de la société de secours mutuel. Sa grande aube blanche en imposait à tous et faisait même un peu peur aux enfants que nous étions. Le père Olive a souhaité être inhumé au cimetière de Caramany à proximité de la tombe de l'abbé Vilanove qui l'avait accompagné sur le chemin du sacerdoce.
1933: Agrandissement du groupe scolaire:
date: plusieurs délibérations tout au long de l'année
maire: Paul Gély-Fort
L'agrandissement du groupe scolaire a été la grande affaire de l'année 1933. Un dossier spécial consacré à l'école publique de Caramany reprendra dans quelques mois tous ces éléments.
1943 – Vote d'une augmentation à... De Gaulle
date: le sept février
maire: Il n'y a plus de municipalité. La commune est administrée par une délégation spéciale nommée par le gouvernement de Vichy et composée de trois membres sous la présidence de Gervais Caillens. Celui-ci est assisté par Augustin Gély et Paul Géli(s).
Les quelques délibérations inscrites pour l'année 1943 relèvent de ce que l'on appelle communément les affaires courantes. La Délégation spéciale vote les additifs au budget et accorde des demandes de soutien aux familles ou d'assistance aux vieillards.
Rien de bien original à tel point que j'hésitais à retenir un quelconque sujet... quand mon œil fut attiré par un mot insolite de Gaulle. La délibération portait le n° 258 et aucun titre n'était mentionné dans la marge.
Que venait faire le nom du Général à Caramany? Jugé coupable de trahison et donc condamné à mort par le régime du maréchal Pétain, pouvait-il avoir un lien avec la Délégation spéciale d'une petite commune du fin fond de la France, mise en place par le gouvernement de ce même maréchal? Une lecture attentive rendait les choses plus simples; une augmentation avait bien été votée à Monsieur de Gaulle qui n'était ni plus ni moins que le receveur municipal.
« Considérant qu'en raison des services rendus par le Receveur Municipal, il est équitable que les remises du Receveur soient augmentées de l'allocation dite du 1/10ème personnel, la Délégation spéciale vote la dite augmentation en faveur de Monsieur de Gaulle receveur et décide que la somme nécessaire sera inscrite dans les budgets des exercices 1942 et suivants. »
Le chef de la France libre et futur Président de la république n'avait donc pas de lien avec Caramany mais cette homonymie, en cette période très particulière de notre Histoire, méritait bien un petit clin d'œil.
1953: La commune a besoin d'un cantonnier.
date: 12 août
maire: Clément Caillens
Dans sa présentation du problème, le maire rappelle que jusqu'en 1945, la commune disposait de deux postes de cantonnier et qu'ils ont été remplacés de 1945 à 1952 par un auxiliaire assurant l'intérim. Or ce poste vient d'être supprimé sans même que les autorités locales compétentes aient été consultées.
Il fait ensuite part des conséquences néfastes de cette suppression de fonctionnaire:
« Dernièrement, à la suite d'un orage violent qui s'est abattu sur notre territoire, de gros dépôts de terre ont été entraînés sur la chaussée par la violence des eaux; pour la remise en état, une équipe d'ouvriers avec un camion ont dû être employés alors qu'il aurait suffi d'un cantonnier pour effectuer ce travail sans entraîner des dépenses supplémentaires de main d'œuvre, d'usure de camion automobile et de carburant.
Le Conseil vu les protestations des usagers de la route et de la population se range complètement à son avis et demande à l'unanimité aux autorités compétentes que dans le plus bref délai possible, un poste de cantonnier soit rétabli dans la commune de Caramany. »
remarque complémentaire: cet appel a été entendu puisque Robert Delonca occupera les fonctions de cantonnier jusqu'à sa retraite. Mais à son départ, le poste sera définitivement fermé et l'entretien des routes départementales sera géré par la subdivision de l'Équipement de Saint-Paul de Fenouillet.
1963 – Nomination d'un nouveau tambour-afficheur
date: le 29 septembre
maire: Clément Caillens
Dans sa séance du 26 février consacré au vote du budget primitif, le conseil municipal avait fixé les traitements et salaires du personnel. Les montants sont donnés pour l'année.
« - secrétaire de mairie: 2568,00 NF
- tambour-afficheur: 220,00 NF
- remonteur horloge: 360,00 NF
- porteuse de télégramme: 60,00 NF
Quatre personnes étaient donc inscrites au rôle du personnel, mais à part le secrétaire, les autres employés ne reçoivent qu'une très faible indemnité en compensation de services rendus à la collectivité.
En 1963 , le tambour-afficheur, c'est la dénomination officielle qui a succédé à celle de crieur public dans les registres, est Albert Delonca qui habitait sur la place.
Dans la séance du 29 septembre, le conseil municipal est informé de sa démission, de toute évidence pour raison d'âge. Dans les dernières années, c'était d'ailleurs son épouse, surnommée la Marie Marseille, qui assurait les publications. Un successeur est vite trouvé:
« Le conseil municipal nomme à cet emploi à compter du 1er octobre madame Jourdain épouse Caillens Suzanne. »
remarque complémentaire: Celle-ci s'acquittera de longues années de cette tâche avant de laisser la place à madame Thérèse Filquerra qui sera chargée de la délicate transition entre le passage dans les rues au son de la trompe et l'annonce par hauts parleurs. Malgré cette évolution technologique, un tambour-afficheur figure encore au rôle du personnel. Il s'agit de Claudine Dauriach qui a succédé à Thérèse Filquerra le 12 avril 1983. Le travail de porteuse de télégramme a par contre disparu du tableau du personnel et a été inclus dans celui de tambour-afficheur.
1973 – Les premières structures intercommunales
date: 4 janvier à vingt heures
maire: Eloi Tresseres
A noter: On ne parle pas encore à cette époque de pays ou de communautés de communes, ce sont les communes qui ressentent le besoin de se regrouper en syndicats afin d'obtenir des budgets plus conséquents pour la réalisation de gros travaux.
« Après en avoir délibéré, le Conseil municipal décide:
1°: La commune de Caramany décide de s'associer aux communes de: Estagel, Latour de France, Tautavel, Bélesta, Cassagnes, Montner, Rasiguères, Planèzes, Lansac, en vue de la création du syndicat à vocation multiple de Latour de France.
2°: Le syndicat a pour objet l'entretien et la réfection de la voirie communale et rurale...
4°: Le syndicat est formé pour une durée illimitée. »
remarques complémentaires: Le territoire du syndicat correspondait à celui du canton et rassemblait donc des communes qui se connaissaient bien.
Le système donnant satisfaction, le syndicat s'est peu à peu donné d'autres compétences comme celle du ramassage des ordure ménagères.
Ce syndicat, le SIVOM de Latour de France, a décidé de mettre fin à son fonctionnement en 2012 en intégrant, pour les mêmes raisons qui avaient vu sa création, un syndicat plus grand, celui du Rivesaltais.
1983 – Un gros projet de reboisement.
date: les 23 , 25 mars et 18 mai
maire: Edgard Ubert
Cette année-là, la commune s'est portée maître d'ouvrage pour l'exécution de travaux de reboisement au lieu dit le Jounquié, localisation officielle sur le cadastre mais les Carmagnols appellent plutôt le haut de cette zone Camarère. Ces travaux concernent quarante hectares de collines qui surplombent l'ancienne route de Caramany à Ansignan et qui marquent la limite avec le territoire de Trilla.
Plusieurs espèces seront replantées; pins, épicéas et cèdres pour les résineux mais aussi des châtaigniers en terrasses, des chênes pour les espèces indigènes et des acacias pour soutenir les remblais constitués par la création d'une piste DEFCI (défense de la forêt conte l'incendie) qui permettra de mieux protéger le massif en cas de sinistre.
Le montant total de ces travaux s'élève à 868 826,00 francs. Ils sont subventionnés à 90%. La somme à la charge de la commune est loin d'être insignifiante mais cela lui permet une mise en valeur de son territoire.
Dans sa séance du 23 mars, le Conseil municipal vote donc une demande d'attribution d'un prêt de 111 000 francs pour faire face à la dépense, y compris certains dépassements plus ou moins prévisibles.
Le 25 mars il sollicite officiellement le concours de la DDA (direction départementale de l'agriculture) pour assurer l'étude et la direction des travaux;
Enfin le 18 mai, il confie, suite à un appel d'offres, le lot concernant la plantation à l'entreprise Boutin pour un marché de 522 522,50 francs.
1993 – Hommage au pont rose.
date: le 24 juin
maire: Edgard Ubert
En ce lendemain de la Saint jean, le conseil municipal vote une subvention de 3 000 francs destinée à éditer un dépliant en hommage à notre Pont rose.
Il faut dire que les travaux de construction du barrage ont bien avancé; un énorme viaduc traverse l'Agly en face du cimetière et conformément aux prévisions, l'année 1994 verra les eaux envahir peu à peu la vallée et recouvrir vignes, chemins et constructions diverses. Le Pont rose construit en 1894 par des ouvriers essentiellement carmagnols est donc voué à disparaître. La municipalité, avec l'accord du Conseil général propriétaire des routes départementales, a donc lancé l'idée d'une cérémonie qui marquerait la passation entre les deux ouvrages d'art; ce serait donc un adieu au Pont rose et l'inauguration du viaduc Pons de Caramany.
C'est dans ce cadre-là qu'a été votée la somme permettant d'éditer un document dont les objectifs étaient de laisser une trace de cet événement dans les archives municipales mais aussi de permettre à toute la population de garder en mémoire ce pont auquel elle était profondément attachée.
Le travail de recherches et de rédaction est le résultat d'une collaboration entre Bernard Caillens, adjoint au maire et Henri Danot ingénieur chargé de la subdivision de l'Équipement.
L'hommage solennel a eu lieu le 4 septembre, journée chargée de symbole puisque c'était la date de la fête patronale et de la fête de la Société de secours mutuel.
(Vous pouvez découvrir ce document dans la rubrique Histoire 1893-1993 du Pont rose au viaduc ainsi que le reportage sur cet hommage aux deux ponts dans la revue de presse).
Sources:
-
Archives municipales: registres de délibérations
Photos:
1: Le Pont rose en 1989.
2: Le jour de l'inauguration du foyer rural, le 3 septembre 1966, on distingue à droite le père Olive, au milieu des personnalités pendant le discours du maire Clément Caillens. La photo est extraite du journal l'Indépendant, ce qui explique après tant d'années son manque de netteté.
3: L'état du pont le 15 janvier 1995, deux mois seulement après la fermeture des vannes. Quelques jours de plus et il sera englouti.
4: Le document réalisé à l'occasion du passage de relais entre pont et viaduc, le 4 septembre 1993.
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