Paul Gély-Fort chevalier de la Légion d'honneur

Détails

Publié le: 21/11/2013

Auteur: Bernard Caillens

« Au nom du Président de la république et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d'honneur. »

Nous sommes le 25 avril 1934. C'est ainsi que s'exprime, selon la formule consacrée, monsieur Joseph Denis, officier de la Légion d'Honneur, conseiller général des Pyrénées Orientales, en accrochant la prestigieuse médaille au ruban rouge au veston de Monsieur Gély-Fort Jean, Paul, maire de Caramany.

Un Carmagnol vient donc de recevoir la plus haute décoration française. L'événement est d'autant plus remarquable qu'il est, selon le site officiel de la Légion d'honneur, le seul natif de Caramany à avoir reçu cet hommage ¹.

Un autre Carmagnol a obtenu cette reconnaissance suprême, il s'agit du colonel Henri Roudière, qui a même été élevé au grade d'officier et qui était devenu notre concitoyen par son mariage avec Maria Vaysse ². 

La Légion d'honneur: 

Elle a été instituée le 29 floréal de l'an X de la république, soit le 19 mai 1802 par le Premier Consul, Napoléon Bonaparte. Il souhaitait que cette nouvelle institution soit un corps d'élite destiné à réunir le courage des militaires aux talents des civils formant ainsi la base d'une nouvelle société au service de la nation. Le 14 floréal, Bonaparte avait déclaré au conseil d'État « Si l'on distinguait les hommes en militaires ou en civils, on établirait deux Ordres distincts tandis qu'il n'y a qu'une Nation. Si l'on ne décernait des honneurs qu'aux militaires, cette préférence serait encore pire, car alors la Nation ne serait plus rien. » ³

Il a toutefois attendu d'être empereur pour procéder à une remise solennelle des premiers insignes dans la Chapelle des Invalides le 15 juillet 1804.

La médaille se présentait sous la forme d'une étoile à cinq branches avec le buste de l'empereur à l'avers et l'aigle impérial au revers. Les différents régimes successifs ont maintenu l'ordre de la Légion d'Honneur en ne portant que de légères modifications à l'insigne. 

Pour services rendus: 

Le préfet des Pyrénées orientales a transmis à Paris le dossier d'instruction en date du 4 novembre 1933 et c'est par décret du Président de la république⁴ en date du 20 mars 1934, publié au bulletin officiel du ministère de l'Intérieur que Paul Gély-Fort a été nommé au grade de chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur.

Le décret le désigne comme conseiller d'arrondissement et maire de Caramany dans les Pyrénées orientales et justifie sa nomination par 37 ans de fonctions électives et 7 ans de services militaires dont 4 ans de guerre.

L'instruction préfectorale a, en effet, mis en avant sa longue implication en tant qu'élu: conseiller municipal dès 1896, puis adjoint de 1900 à 1912, puis maire depuis cette date ⁵. Elle indique aussi qu'il assume les fonctions de conseiller d'arrondissement depuis 1904 et qu'il a été élu à trois reprises président du Conseil d' arrondissement de Perpignan ^6.  Ensuite, elle développe son investissement social:

- Membre fondateur de de la société de secours mutuel la Fraternelle et président jusqu'en 1900.La Mutualité lui avait d'ailleurs décerné un diplôme de mention honorable en 1907.

- Pendant la guerre ⁷ a fait de gros sacrifices pécuniaires pour loger et ravitailler une quarantaine de réfugiés des départements envahis.

- A fait preuve de dévouement et payé de sa personne pendant une épidémie de grippe infectieuse qui régna dans la commune en 1923.

Paul Gély-Fort avait également été nommé le 5 janvier 1910 officier d'académie⁸ pour son action en faveur de l'école publique; il présidait régulièrement l'examen du certificat d'études au chef-lieu de canton.

Enfin le préfet rédige l'avis suivant: « M Gély-Fort s'est, d'une façon constante, entièrement consacré aux diverses fonctions qu'il a occupées.

L'attribution de la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à ce Magistrat Municipal serait la juste récompense des bons et loyaux services qu'il a rendus à ses concitoyens et à l'Administration dont il a toujours été un précieux auxiliaire.

Elle serait accueillie avec une grande ferveur par la population du canton de Latour de France. »

Le préfet a donc été entendu et la remise de la médaille a été fixée au 25 mai 1934. Nul doute que pour Paul Gély-Fort et toute sa famille, cette journée a été particulièrement émouvante.

Notes: 

1. La base de données Léonore qui recense les légionnaires de 1802 jusqu'à ceux qui sont décédés avant 1977 ne donne pas d'autres récipiendaires pour Caramany.
2. Le colonel Roudière a été inhumé dans le cimetière de Caramany
3.  site de la légion d'honneur (voir sources) rubrique Ordres et décorations/Historique
4. En 1934, c'est Albert Lebrun qui assure les fonctions de Président de la république depuis son élection en 1932. Les gouvernements restent très peu en place; en mars 1934, Gaston Doumergue est président du Conseil (des ministres) et Albert Sarraut est ministre de l'Intérieur.
5. Il restera maire jusqu'en 1941 et démissionnera pour ne pas cautionner la politique du gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain.
6. Le conseil d'arrondissement était formé de conseillers élus sur les territoires des cantons; leur rôle consistait à examiner la situation fiscale du département et à émettre des vœux, sur les travaux à réaliser sur le canton, par exemple la voirie. Ces vœux étaient ensuite transmis par le sous-préfet au Conseil général organe de décision. Les conseillers d'arrondissement faisaient partie du collège élisant les sénateurs. Les conseils d'arrondissement ont été suspendus par la loi du 12 octobre 1940 et jamais remis en vigueur.
7. La première guerre mondiale 1914 – 1918
8. Titre honorifique créé par Napoléon 1er en 1808, modifié en 1955 pour devenir l'institution de l'Ordre des Palmes académiques.

Sources:

• site: https://www.legiondhonneur.fr/fr
  
• archives familiales

 Photos:

1: Le procès verbal de la promotion au grade de chevalier - site Léonore

2: Paul Gély-Fort lors d'un discours sur la place, certainement un 14 juillet puisqu'il porte son écharpe de maire, dans les années trente. - archives familiales

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