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Eoliennes, les fleurs du mal ne poussent pas en Fenouillèdes
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- Publié le: 24/10/2009
- Auteur: Marie-Françoise Caillens
Je suis un vieux moulin à vent qui veille sur les pentes de Caramany. Privé de mes ailes, je m'accroche pourtant au ciel de notre village en faisant de mon mieux pour embellir le paysage. Mais à quoi bon ! On veut implanter des éoliennes sur mes crêtes. Pas une ou deux mais dix-huit géantes. Hautes comme trois fois notre clocher. Tellement gigantesques qu'elles seront visibles du château de Queribus. Et leur ombre ne planera qu'à 1,4 km des maisons. Peine perdue ! Que vaudra mon paysage ? Que vaudra ma terre défrichée, défigurée ? Que vaudront mes nuits troublées de flashs puissants et de bruit de pales ? Que vaudront les crêtes exposées aux incendies puisque rendues inaccessibles aux Canadairs? Que deviendra la source de la Dout qui alimente Caramany ? Polluée ? Tarie ?
Les éoliennes ont beau avoir la même fonction que moi, produire de l'énergie propre, elle ne seront jamais de ma famille, ces fleurs du mal qu'ont vient planter loin des villes. Bien sûr, mes idées rétrogrades font sourire. Il parait que je corresponds au syndrome de NIMBY : « Not In My Back Yard » (pas dans mon jardin). Et bien, ils ne croient pas si bien dire, les sociologues. Car, de l'énergie électrique produite par ces engins, je n'en verrai jamais l'ombre d'une étincelle ; elle sera acheminée en Espagne. Vous comprenez que je n'en veuille pas dans mon jardin !
Alors de grâce, messieurs qui « au revers de vos vestons, portez une fleur de béton (*)», allez construire vos châteaux en Espagne. En vous souhaitant bon vent et au plaisir de ne jamais subir l'élan de vos hélices, hélas !
(*) Extrait du « petit jardin » de Jacques Dutronc.
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