- Précédent : Le "buthus occitanus" ou scorpion languedocien
- Suivant : La scutigère véloce
Le circaète Jean-le-Blanc
- Détails
- Publié le: 21/05/2012
- Auteur: Philippe Garcelon
Un après-midi de Mars, alors que je me trouvais à proximité du cimetière de Caramany, je vis un grand rapace tournoyer dans le ciel. Il volait si haut qu'il m'était difficile de bien le distinguer. Tout à coup, il amorça un piqué vertigineux qui le dirigea en face de moi, vers les bosquets de chênes au pied de La Bade, ce qui me permit de le photographier.
En remontant au village, je rencontrais quelques personnes qui avaient, elles aussi, vu cet oiseau. Pour l'une d'entre elles, il s'agissait d'un milan, l'autre penchait plutôt pour un aigle, quant à moi, j'étais incapable de me prononcer, sachant que le milan, tout comme l'aigle (de Bonelli) étaient effectivement présents dans la région.
Mes photos me permirent d'identifier cet oiseau. C'était un circaète Jean-le-Blanc, rapace migrateur qui passe généralement les hivers en Afrique, pour rejoindre l'Europe au printemps. Comme je l'ai constaté, le circaète Jean-le-Blanc se caractérise par un vol « à l'économie ».
Cet oiseau utilise en effet, à merveille, les courants ascendants et autres mouvements d'air pour planer à la manière d'un cerf-volant. Il se contente alors de quelques petites variations de ses rectrices (plumes de la queue) ou d'un léger changement d'orientation des rémiges primaires (plumes de l'extrémité ailes). Son vol peut ainsi demeurer quasi stationnaire. Par vent violent, il sait adopter des positions plus aérodynamiques, comme le montre l'image 1 (ci-dessous). La posture des ailes, partiellement repliées, est aussi utilisée lors des piqués car elle offre une moindre résistance aérodynamique et permet à l'oiseau d'atteindre des vitesses avoisinant 175km/h. Dans ce cas, ces dernières peuvent aussi être un peu plus ouvertes (image 2) et les pattes légèrement pendantes (image 3), pour lui assurer une meilleure stabilité. En vol ordinaire le circaète se déplace à une vitesse comprise entre 35 et 60 km/h.
L'envergure d'un circaète adulte atteint 170 à 185 cm. Le mâle est de taille plus réduite que la femelle, en revanche, leur plumage est identique.
Le circaète est doté d'une vue hors du commun. Il peut repérer sa proie lorsqu'il vole entre cinquante et deux cents mètres du sol. Cependant, de même qu'il nous est difficile de fixer un objet avec une paire de jumelles lorsqu'on est en mouvement, la vue du circaète lui impose un vol en sur place nommé aussi « vol de chasse ».
Les proies exclusives du circaète sont des reptiles, cette singularité le distingue des autres rapaces. Il les saisit avec ses courtes serres et les tue avec des coups de bec avant de les avaler toutes entières. Il n'est pas rare de voir la queue d'un serpent dépasser encore de son bec alors que son estomac digère déjà sa tête. Le circaète est à l'abri des morsures de reptiles venimeux grâce à d'épaisses écailles qui recouvrent ses pattes. La densité importante de plumes épaisses qui les recouvrent protège également le haut de ses membres inférieurs.
Le couple fait son nid de préférence dans des zones boisées, entre six et trente mètres du sol, indifféremment sur des conifères ou des feuillus et souvent sur le même lieu que ses nidifications précédentes. La femelle atteint sa maturité vers trois ou quatre ans. Elle ne pond qu'un seul œuf qu'elle couve durant environ quarante cinq jours. Le mâle lui, apporte généralement sa nourriture pendant cette période ou il la remplace dans le nid pendant qu'elle va chasser. Lorsque le jeune circaète sort de l'œuf, il reste dans le nid pendant deux mois et demi durant lesquels ses parents se relaient pour le nourrir avant qu'il ne puisse effectuer son premier envol.
Bien que n'étant pas menacée d'extinction, la population de circaètes décroit depuis quelques années. Un arrêté ministériel du 29 octobre 2009 protège d'ailleurs cette espèce. On regrettera que certaines pratiques agricoles tout comme la déforestation soient encore montrées du doigt par les ornithologues chargés de recenser les populations de rapaces.
Sources :
-
Article: « Le vol du circaète Jean le Blanc » publié en 1951 par Yves Boudoint, ingénieur E. C. L.
Photos: Philippe Garcelon
- Précédent : Le "buthus occitanus" ou scorpion languedocien
- Suivant : La scutigère véloce